Quelle place le composteur pourrait avoir dans la ville d’ici 10 ans ? Un nouveau bac conteneur de ramassage ou un usage partagé support de lien social ? C’est la question que nous nous sommes posés avec Compostri lors d’un atelier de réflexion lors de l’assemblée générale de l’association. J’étais invitée ce 29 Avril par l’association Compostri à témoigner en tant que professionnelle et composteuse. Design, implantation sur l’espace public ou privé, réplicabilité, usages partagés confèrent aux composteurs des rôles différents dans la vie urbaine.
Compostri : la promotion du compostage partagé
Compostri est une association créée en 2007, qui accompagne la mise en place de projets de compostage partagé en Loire Atlantique. Sensibilisation, formations, et accompagnement de projets de composteurs collectifs sont ses missions.
Les composteurs collectifs sont animés et gérés par des bénévoles, avec des référents de site formés au sein de l’association. La dépose des déchets organiques se fait lors de permanences, moments conviviaux de rencontres entre voisins et de passages de bonnes pratiques autour du compost. Tisser du lien social autour de la pratique du compost est au coeur du projet de Compostri.
Des typologies de composteurs
L’association accompagne 170 sites de compostage. Certains sont situés dans des établissements scolaires, d’autres sur l’espace public, d’autres encore initiés par des associations ou dans des résidences privées.
J’ai proposé 4 typologies de composteurs collectifs afin de questionner leur inscription dans le quartier, le rôle qu’ils jouent en termes de lien social, de visibilité de la pratique du compostage et de création d’usages collectifs.
Le composteur collectif dans une résidence :
Sur un espace privé, il est un service collectif et mutualisé. Il permet grâce aux permanences de créer du lien social entre voisins et de favoriser la naissance d’autres initiatives collectives.
Le composteur mobilier urbain :
Le composteur se trouve sur l’espace public et peut être largement disséminé. Il est reconnaissable, acte le compostage comme une pratique usuelle et devient un élément du vocabulaire urbain tel un banc. Il est plutôt limité en taille et peut s’intégrer facilement sur un grand nombre d’espaces publics. Grâce à des permanences et lors des retournements (2 fois par an environ), il permet de créer des événements, des rencontres, mais sur des temps courts.
Le composteur objet / repère :
Le composteur a alors une esthétique marquée et devient un élément identitaire et repère du quartier. L’animation associée au compost permet de créer des événements, des rencontres, mais sur des temps courts là aussi. Il est très efficace en termes de visibilité et comme support de sensibilisation autour du compostage.
Le lieu mutli-usages qui comprend un composteur :
Le composteur s’insère alors dans l’organisation d’une diversité d’usages et d’un lieu qui les reçoit. Il peut bénéficier d’une grande visibilité et devenir un objet urbain. La création d’un foisonnement d’usages et de vie prime néanmoins, d’où l’importance de créer un écosystème d’acteurs.
Une volonté forte pour demain : le composteur comme commun
Au-delà de la valorisation des déchets, implanter des composteurs partagés selon Compostri défend l’idée de créer des espaces et objets lié à une pratique et une gestion collective, des communs. Les usages collectifs sont ce qui me plait moi-même dans cette pratique. A mon installation dans mon quartier, j’ai pu rencontrer des habitants, discuter de l’école et des activités, des initiatives en cours grâce au compostage.
Un essor important et comment valoriser la ressource produite, le compost ?
Actuellement, la réglementation interdit à l’association de le distribuer publiquement, même gratuitement, pour des raisons sanitaires. Un engouement important pour Compostri entraîne une multiplication du nombre de composteurs partagés et du volume de compost produit.
L’association s’interroge actuellement sur que faire de cette ressource. Le développement des jardins partagés, ou les jardins et balcons plantés individuels ne suivent pas l’augmentation de la production du compost. Des connexions sont à trouver sans doute avec l’agriculture urbaine, en plein essor.
Ce compost pourrait alors nourrir et revitaliser les sols, autre bien commun de nos milieux urbains, souvent mis à mal. Améliorer la qualité et la fertilité de la terre dans les espaces non construits en ville est une piste de réflexion pour des villes résilientes. Il s’agit de préserver la possibilité des sols d’accueillir des espaces de productions demain.